Notre vocation…
“L’ histoire du salut est une histoire du oui … une histoire de ‘me voici’. La vie chrétiene est cela: un ‘me voici’ continuel pour faire la volonté du Seigneur. »
Homélie du Pape François à Santa Marta, 24 janvier 2017
Nous voulons partager notre oui. Le « oui » que chacune de religieuses a donné durant ces années s’ajoute au « oui » initial de Claudine et de ses compagnes et cela nous permet de célébrer 200 ans de vie.
S. Selma D’Souza RJM
Timor Oriental, Province de Puna
45 ans
Le 3 février! Le Jour! Quand quelque chose dans la vie d’une simple femme française vivant au siècle dernier me frappe. C’est ce qui arrive à la plupart des enfants de l’âge scolaire.
Comme élève du 8e au lycée Ste. Agnès, Mumbai, ma peinture et mon poème se trouvaient au tableau de l’école le jour de la fête de Ste. Claudine Thévenet, fondatrice de la Congrégation des Religieuses de Jésus et Marie. Imaginez la joie et la fierté d’une enfant…qui était la mienne, et en plus est venue l’idée qu’un jour cette vie ordinaire et inspirée pourrait être la mienne!
S. María Cristina Ojeda RJM
México-Cuba
88 ans
On me demande de raconter en quelques lignes quelle fut l’origine de ma vocation. Je vais essayer de le faire et j’espère que ces quelques lignes pourront aider
Je me rappelle que dès l’âge de 10-11 ans j’aimais aller à l’église, à la messe, et au chapelet avec ma grand-mère paternelle ainsi qu’à toutes les fêtes qui se présentaient. J’ai eu beaucoup de chance et ce fut un vrai cadeau de Dieu que dès ma troisième année primaire j’ai pu étudier dans une école où enseignaient les religieuses Jésus-Marie. J’ai fait ma première communion à 12 ans et je crois que dès ce moment je me sentais attirer à l’église pour prier devant le Saint Sacrement. Être avec Jésus pendant 15 minutes me donnait beaucoup de consolation.
Vers l’âge de 13 ou 14 ans ma famille a déménagé à Juarez, Chihuahua et là nous avons eu l’opportunité de connaître les religieuses Jésus-Marie de l’Académie Jésus-Marie où ma sœur jumelle et moi allions étudier la carrière commerciale et l’anglais. J’ai assisté au cours une année. Je ne sais pas ce qui m’attirait tant à Jésus-Marie; j’étais heureuse et je me disais: »c’est ici que je veux venir pour toujours. » L’apostolat de la prière, la dévotion mariale et tout ce que je vivais à Jésus-Marie me comblait de bonheur et de joie.
Pour mes parents c’était difficile d’accepter cette réalité et ils n’ont pas voulu que je continue mes études en espérant que j’oublie mes désirs de vie religieuse. J’ai laissé l’Académie et j’ai commencé à travailler comme assistante dans un laboratoire d’analyse. J’y suis restée deux ans jusqu’à ce que mon père me donne la permission d’entrer au noviciat. Je peux dire que ce fut la Vierge qui a fait naître en moi le germe de ma vocation lors de la fête de Notre Dame du Sacré Cœur le 31 mai. Ce jour là, nous offrions à la Vierge la couronne que nous faisions avec nos efforts du mois de mai.
Le 12 décembre, fête de Notre Dame de Guadalupe, mon père m’a accordé la permission et le 31 mai 1945 mes parents m’ont conduite au couvent. Je suis très heureuse, ma vie est une pluie de grâces et de bénédictions pour ma famille et moi-même. Je veux vivre le temps qui me reste avec joie, enthousiasme en remerciant Dieu pour ses nombreux gestes d’Amour à mon égard.
S. Nancy Arratia Larico RJM
Canada-Pérou
49 ans
Mon nom est Nancy Arratia Larico; j’ai 49 ans et depuis que j’ai l’âge de raison, j’ai toujours eu une relation de proximité avec Dieu.
J’ai fait toutes mes études dans une école de religieuses de ma ville natale. Le jour de ma première communion, j’ai eu l’expérience de sentir Jésus comme L’AMI QUI NE NOUS LAISSE JAMAIS et depuis ce jour, il a été avec moi encore plus présent.
Après ma confirmation, J’ai senti le désir de faire connaître Jésus à tous, spécialement aux plus petits; j’ai expérimenté son amour, son pardon, sa prédilection, sa paix et son appel. Avec l’Eucharistie quotidienne, mon désir de lui consacrer ma vie grandissait.
Mon désir de faire connaître Jésus m’amena à participer à différents groupes missionnaires pour aller vers les plus pauvres de ma ville; là, j’ai découvert que les gens ignoraient le Dieu qui les aimait et cela m’a motivée à partager l’expérience du Dieu amour.
S. Anita Chiasson RJM
Canada-Pérou
77 ans
Le jour de ma première communion, j’avais 7 ans, et le Seigneur m’a visitée. J’ai eu une expérience très forte qui a marqué ma vie. Au moment de recevoir la communion, je me suis sentie pleine d’amour pour Jésus.
Quand j’étais adolescente, j’aimais aller à la messe. Je vivais à trois kilomètres de l’église et je marchais tous les jours cette distance pour pouvoir recevoir Jésus.
Même si j’ai eu deux amoureux, je sentais qu’ils ne remplissaient pas mon cœur. Je voulais quelque chose de plus profond. C’est là mon appel à être religieuse.
Voici un détail un peu amusant; tous les dimanches, il y avait un bingo dans ma paroisse (pour payer la construction de l’église). Ma mère m’envoyait pour que j’y participe. J’allais à l’église et je faisais une prière à Jésus: que je gagne! Et chaque fois, je gagnais. Je crois que le Seigneur se servait de cela pour me conquérir.
S. Felicitas Sulca Baldeón RJM
Canada-Pérou
55 ans
Je suis Felicita Sulca.
J’ai vécu mon enfance et mon adolescence sans connaître Dieu. Je lui rends grâce parce qu’il est venu à ma rencontre et m’a montré son amour et son infinie bonté.
J’ai senti l’appel du Seigneur lors de la préparation au sacrement de confirmation. Cet appel fut un processus.
Au début, le désir d’appartenir à un groupe marial est né en moi afin de prier Marie par le chapelet, et le Seigneur répondit à mon désir. Puis, un autre désir a surgi : celui d’être catéchiste afin de faire connaître l’amour de Jésus, cet amour qu’il m’avait fait goûter un jour; et le Seigneur me l’accorda.
C’est ainsi que grandissait mon grand amour pour Jésus et sa Parole. À la fin de l’année 1987, j’ai senti fortement l’appel du Seigneur à consacrer ma vie au Christ pour être le reflet de son amour. Je voulais entrer dans une Congrégation religieuse mais aucune ne me convenait et quand je voulais participer à leurs rencontres, quelque chose m’en empêchait. J’ai connu trois Congrégations mais aucune d’elles ne m’attirait. Alors, j’ai continué ma recherche: où et comment me voulait le Seigneu?
Après quelques années, les Religieuses de Jésus-Marie arrivèrent à la paroisse où j’étais catéchiste.
Un jour, les sœurs m’invitèrent à une rencontre vocationnelle et ‘y ai participé. Puis, j’ai continuée à aller aux rencontres qu’elles organisaient. Ce qui m’attirait le plus dans ces rencontres avec les soeurs, c’était leur accueil, leur simplicité et leur disponibilité.
En 1995, après huit ans d’attente, je suis entrée dans la Congrégation de Jésus-Marie; j’ai senti une grande joie et j’ai expérimenté que Jésus me voulait dans cette Congrégation.
S. Raquel Romero Luque RJM
Canada-Pérou
38 ans
Mon nom est Raquel; je suis péruvienne et j’ai 38 ans. Très jeune, je rêvais de me marier, d’avoir des enfants et de vivre dans une petite maison. J’ai participé à la chorale des jeunes et à l’enfance missionnaire. Une amie qui était en recherche pour entrer dans une communauté religieuse m’invita à l’accompagner dans différentes communautés. Pour visiter l’une d’entre elles, il fallait avoir une recommandation d’un prêtre. Alors je l’ai dit au P. Alberto, le prêtre de ma paroisse qui me dit immédiatement: “Ah, alors, tu veux être sœur? J’en connais, des soeurs”. Et il communiqua à l’instant même avec S. Nancy rjm. Je ne pensais pas à la vie religieuse; alors quand la Soeur me demanda si je voulais aller les visiter, j’allais dire que non mais le P. Alberto me dit: “Ne te préoccupe pas; je t’amène moi-même”. Je me suis dit : bon… Et voilà que je suis dans la Congrégation de Jésus-Marie depuis 14 ans. Et à la fin, mon amie qui voulait être religieuse a fini par se marier.
Pour moi, ma vocation est un mystère, un signe de la bonté de Dieu.
Sr. Luke D’Souza RJM
Vadodara
77 ans
Les personnes de Jésus – Marie qui m’ont attirée vers la Congrégation de Jésus – Marie. J’ai appris à les aimer dès ma petite enfance et au catéchisme. Je m’engageai à suivre Jésus et Marie assurée qu’ils me conduiraient vers le Seigneur. Il y a un monogramme qui m’a toujours intriguée et m’a attirée avec les initiales de J M sur le mur de notre église : autrefois, chapelle des RJM à ‘Parel’. Plus tard, le sens du Monogramme m’a été révélé. Ma vocation s’est nourrie au cours des retraites et des rencontres avec mon Directeur spirituel et auprès de ma famille, en particulier de mes parents. Comme j’ai grandi dans un établissement jésuite, où l’influence ignatienne a été réelle, j’ai souvent entendu A.M.D.G. et j’ai appris ce que cela signifiait « pour la plus grande gloire de Dieu ». La première RJM que j’ai rencontrée a été M. Pia Nazareth à Clare road, Mumbai. Elle m’a proposé de leur rendre visite à Puna au Noviciat. Je le fis en allant visiter les Sœurs Missionnaires Médicales. Je suis venue participer à un pique-nique avec les novices. J’ai été très touchée de voir leur joie et les sourires radieux … aussi j’ai décidé que c’était là que je serais heureuse de donner ma vie pour Jésus et Marie.
J’ai été éduquée dans un établissement jésuite à Parel et je n’avais jamais rencontré de religieuses. Mais alors que j’étais très jeune, j’ai trouvé plus tard S. Clare D’Souza RJM qui était ma cousine et qui avait déjà rejoint la Congrégation.
Réflexion et Expériences:
Quand j’ai décidé de suivre ma vocation, j’ai d’abord ressenti la présence du Seigneur. Ensuite je me suis engagée directement vers le Noviciat et le Juniorat. Je continuai à vivre avec le désir de plaire à Dieu et de suivre les instructions de mes formateurs. La décision de la relation avec le Seigneur a été lorsque j’ai fait ma première retraite dirigée et lorsque j’ai appris à prier plus que de dire des prières vocales. Ma vie religieuse a pris un tournant définitif, je tenais à faire la volonté de Dieu avec l’aide de mes supérieurs, et la confession hebdomadaire, la Lecture Spirituelle, les Exercices spirituels dans la vie courante… tout cela a façonné ma vie religieuse. Je devins familière de Ste Claudine lors du Troisième An, l’année de sa Béatification. Chaque année, j’attends avec impatience la retraite annuelle. Le charisme de Ste Claudine s’est progressivement révélé à moi. Ma longue retraite avant mes noces d’or a été un événement marquant qui a eu un fort impact sur ma vie. Pour conclure, je me sens contente et heureuse de l’amour et de la miséricorde du Seigneur pour moi. Malgré ma faiblesse, le Seigneur me guide à travers mes premières amours.
Ils ont toujours été mes compagnons de vie. Ces dernières années, je me suis sentie attirée par la Trinité. Mon engagement envers le Seigneur me réveille chaque matin pour commencer la journée. Je veux vivre pour Lui. Je veux grandir en relation étroite avec Jésus qui m’a appelé à porter des fruits.
Influence de St Ignace:
Ignace m’invite à faire de grands rêves … Dans ma jeunesse, j’allais dans les villages à la fois pour le ministère de guérison, visiter les familles et le plus souvent pour la célébration eucharistique avec les gens. Les gens étaient de forts ouvriers agricoles, la plupart des filles aussi devaient travailler dans les champs et elles étaient donc gentilles, simples et avides d’apprendre.
Ainsi, pendant les mois où il n’y avait pas de travail, nous organisions des cours d’éducation informelle pour elles. Ces jours-là, les mariages étaient bénis et célébrés après minuit ou tôt le matin ; après quoi nous retournions et nous travaillions dans le dispensaire. Cela nous a donné un vrai sentiment d’unité avec les gens. Ainsi qu’un désir de MAGIS.
Pour cette année du bicentenaire, mon souhait pour chaque RJM est que nous soyons zélées, ouvertes, joyeuses et chaleureuses dans nos qualités féminines pour nous ENCOURAGER au MAGIS …
María del Carmen Sanabria López NJM
México-Cuba
27 ans
« Dieu s’est fait présent et m’a invitée à le suivre »
J’avais 18 ans lors de ma récente admission à la « Normal de Especialización ». J’avais une relation amoureuse stable et engagée. Je ne voyais aucun autre avenir que de fonder une famille, je ne pouvais m’imaginer autre chose. Cependant, Dieu est intervenu dans ma vie avec beaucoup de respect me demandant mon consentement que je lui ai accordé. J’en suis très reconnaissante jusqu’à ce jour.
Je considère que tout fut un cheminement, une série d’évènements et de moments où Dieu s’est manifesté, m’invitant à le suivre. Cependant, l’expérience qui m’a amenée à penser davantage à la vie religieuse fut l’invitation à aller en « mission » pour la première fois. Quand j’ai vécu la retraite préparatoire à cette expérience, je me souviens qu’en commençant la prière, on nous a montré un vidéo du charisme, des lieux et des missions de Jésus-Marie dans le monde. J’ai senti un vide en moi accompagné d’un enthousiasme impressionnant. Je me sentais appelée à être une présence de la bonté de Dieu par l’éducation chrétienne.
J’ai commencé à chercher de l’information, à côtoyer les religieuses sans trop m’engager mais désirant, à la fois savoir et ignorer, être présente et ne pas l’être, par peur de ce que vont penser ma famille et mes amis. A certains moments, je sentais que je me trompais mais mes rêves de fonder une famille se sont transformés en désirs de « vivre la communauté »
Lors de ma première rencontre avec l’une des communautés religieuses, j’étais remplie de joie en regardant leurs visages souriants, en les voyant partager leur vie, joyeuses, proches, unies. Mon cœur s’est senti chez lui. Ce même après-midi dans la chapelle, j’ai regardé Claudine et lui ai dit : « Je sens l’appel du Seigneur, si c’est ici dans ta Congrégation, accompagne-moi pour le découvrir. »
A partir de 19 ans, j’ai commencé à participer aux activités auxquelles mon accompagnatrice spirituelle m’invitait laissant tout pour aller vers Jésus, désirant le connaître davantage afin d’unir mes rêves aux siens.
Au fil du temps, j’ai senti les confirmations m’appelant à la vie religieuse. J’ai fait une profonde expérience de Dieu. Animée par sa grâce et accompagnée par Claudine, j’ai dit mon « oui » Depuis 3 ans, je suis dans la Congrégation de Jésus-Marie. Je suis encore au noviciat et je me sens reconnaissante envers Dieu pour tout le bien reçu et je continue de demander à Claudine de m’accompagner sur ce chemin.
achu_2404@hotmail.com
S. Constance Bansode RJM.
Kendal, Pune, India
78 ans
A six ans, j’étais pensionnaire à St. Mary, Sangamner. Il y avait des prêtres et des religieuses en charge de la maison. Tout nous était fourni, rien ne nous manquait puisque tout était donné avec bonté et soin.
Toutes les pensionnaires étaient très heureuses, recevant une éducation chrétienne dans une atmosphère de joie et de paix. Pendant les cours de catéchèse, la vie des saints était lue et représenté en petites séances. Tout cela me réjouissait et voulais être comme elles.
Mon enfance se passait avec les Soeurs qui étaient gentilles, aimables et soigneuses. C’était facile de les rencontrer à tout moment pour partager mon programme du jour avec elles. Elles m’écoutaient avec confiance et avec le soin d’une mère me bénissait en formant une croix avec leur main sur mon front qui me faisait plaisir. Je les admirais comme des personnes saintes près de Dieu. Quand elles priaient j’avais le sens de la présence de Dieu en elles.
Comme enfant je les voyais toujours agréables l’une envers l’autre, jamais en colère ou silencieuse vers l’autre. En fait, je sentais qu’elles ne pouvaient jamais péché. C’était ce que je remarquais d’elles comme enfant. Dans ma vie personnelle je voulais être comme elles. Je voulais travailler comme elles avec les enfants. C’est à ce moment que j’ai sentis l’appel de servir le peuple de Dieu et de me donner totalement à Lui et Ses enfants. Jusqu’à maintenant, je suis heureuse de la vie que j’ai choisi et je continu de vivre pour Lui seul.
S. Celina Segovia Sarlat rjm
México-Cuba
42 ans
« Dieu a changé mes plans et il m’en a offert de meilleurs: être Religieuse de Jésus-Marie »
Il y a 20 ans, j’étais heureuse parce que j’avais réussi à choisir ma carrière et mon fiancé. J’étais au milieu de la licence en Sciences de la communication et j’avais une relation stable avec celui avec qui je pensais passer le reste de ma vie. Nous étions fiancés depuis un an et demi. Qu’est-ce qu’une jeune universitaire pouvait désirer de plus? Les deux choix étaient faits… Ce n’était plus qu’une question de temps avant de former une famille et exercer ma carrière. Mais Dieu avait d’autres plans pour moi et je ne me l’imaginais pas.
Je suis de la ville de Mérida, Yucatan, située au sud de la république mexicaine. À un moment donné, j’ai eu la chance de faire un voyage universitaire à la ville de Mexico avec ceux de ma génération et de là, je continuai jusqu’à Ciudad Juárez, au nord du pays, pour participer à une mission de Semaine Sainte : c’est là que Dieu changea mes plans.
Même si j’avais participé à des missions quand j’étudiais au post-secondaire et que,depuis que j’étais petite, j’avais entendu parler de la pauvreté de notre pays je n’avais pas été confrontée à la misère et aux multiples exclusions dont étaient victimes les femmes indigènes de notre pays. Connaître de près des histoires concrètes de marginalisation, impunité, abus à des fillettes et à des adolescentes, c’est peut-être ce qui m’a interpellée.
Je me rappelle spécialement d’une petite de six ans, fille d’une mère alcoolique et soeur d’une adolescente victime d’abus par un professeur de l’école du village, lequel ne fut pas condamné pour avoir abusé des filles indigènes. Dans ce contexte, la petite ne pouvait être soutenue ni par sa mère ni pas sa sœur… elle devait s’organiser pour pouvoir manger. Tous les jours, la petite prenait un autobus pour aller au centre-ville et demander l’aumône dans la rue, acheter quelque chose pour manger avec le peu qu’elle avait reçu et en garder suffisamment pour pouvoir retourner à la maison et le lendemain, vivre de nouveau la même triste situation… Ces visages, ces histoires… ont touché mon cœur. Une fillette devrait se sentir en sécurité à l’école et motivée pour apprendre; un maître devrait prendre soin de ses élèves, se préoccuper de l’apprentissage et non pas profiter des filles.
À partir de ma rencontre avec cette petite, beaucoup de questions me sont venues à la tête et au coeur, certaines, existentielles, d’autres impliquant Dieu, d’autres encore relatives aux femmes, aux indigènes et à l’éducation… et finalement… Et si je donnais ma vie à la suite de Jésus…? Si je faisais cadeau de ma vie à Dieu..? J’ai pensé qu’avec le temps et au retour chez-moi, avec mon monde, mon fiancé, l’université, au milieu de mes activités… j’oublierais tout cela; au contraire, les doutes continuaient à m’inquiéter: et si je faisais cadeau de ma vie à Dieu…? Et si la vie religieuse était le moyen pour que d’autres femmes puissent avoir une autre réalité… une autre vie… la vie en abondance?
Ce fut à partir de cette expérience que ma recherche commença… Suivre Jésus mais où? Le “style” de sainte Claudine Thévenet m’attirait, sa manière d’entrer en relation avec Dieu, sa simplicité, son désir de disparaître – c’est-à-dire de ne pas être protagoniste; attirer les réflecteurs sur elle, cela ne l’intéressait pas – mais ce que je connaissais de Jésus-Marie comme élève, c’était l’éducation, et l’éducation ne m’attirait pas; j’étais communicatrice ou en voie de le devenir… De nouveau, beaucoup de questions montèrent de mon coeur et de ma tête… et j’avais peu de réponses.
J’ai alors décidé de me mettre en route et j’ai fait ce que Jésus avait suggéré à ceux qui lui avaient demandé : maître, où demeures-tu?… viens et tu verras (Cf. Jn. 1, 38-39). Je me suis approchée de Jésus-Marie… je suis venue, j’ai regardé… et je suis restée. J’ai découvert que la manière de suivre Jésus – mission, prière et vie communautaire- allait bien avec ce que je suis. À travers l’accompagnement de mes sœurs, je me suis rendu compte que je me sentais en famille, à l’aise, chez-nous; que je pouvais être Celina à son meilleur; j’aimais la manière de prier en communauté et d’être communauté pour la mission, c’est-à-dire qu’ensemble, nous pouvions être fortes pour construire le Royaume et que l’éducation, c’est plus que donner des cours, c’est de former les cœurs, accompagner des recherches, me préoccuper pour mes élèves, les aimer, et beaucoup d’autres choses… À Jésus-Marie, je suis communicatrice de l’amour de Dieu, de sa bonté.
Faire connaître et aimer Jésus et Marie à travers la formation de femmes qui soient solidaires avec les autres femmes, capables de transformer la réalité des autres, cela me donne vie. Partager la vie avec des femmes indigènes, les écouter, partager ma foi avec elles, cela m’enrichit. Créer des ponts entres les filles de ville et les femmes de la champagne où chacune partage ce qu’elle est et se laisse enrichir par les autres, cela me fait croître en espérance.
C’est pourquoi je peux dire après 20 ans que jamais je n’avais imaginé être si heureuse en livrant ma vie avec Lui et pour Lui. J’ai dû passer par des peurs, des questionnements, de l’incertitude pour découvrir ma vocation; cependant, cela est sans proportion avec ce que j’ai reçu de Lui au cours de ces années de vie religieuse en contact avec les élèves, les missionnaires, les monitrices du MEJ, les indigènes et les sœurs de la Congrégation.
Dieu a changé mes plans et je l’en remercie. Être religieuse de Jésus-Marie a été un cadeau et une bénédiction dans ma vie.
Es-tu prête à laisser Dieu changer tes plans? Ose chercher ton chemin avec Lui.
S. Jyostna Kedari RJM
Kendal, Pune, India
72 ans
A la mort de ma chère maman, mon père cherchait comment faire pour prendre soin de ses deux fillettes très jeunes – il s’agit de ma grande sœur et de moi-même.
A ce moment-là, le Seigneur envoya un Jésuite comme prêtre dans notre village, la mission de Kendal. Mon père était heureux de le rencontrer et il lui raconta que notre mère était décédée. Que pouvez-vous faire pour elles? Le prêtre lui dit de nous envoyer au pensionnat et c’est comme cela que commença l’histoire de ma vocation.
La vie au pensionnat était particulière. J’ai grandi dans une atmosphère de pitié avec la messe, le rosaire, les prières du matin et du soir au quotidien. Les grandes filles du pensionnat prirent soin de moi puisque j’étais la plus petite. Je me suis sentie heureuse.
C’est en 1958, alors que j’avais treize ans, que j’ai appris que les religieuses de Jésus-Marie allaient venir à la Mission de Kendal. Toutes les filles étaient heureuses de les accueillir. Mère J’ai reçu des conseils spirituels de Mère Providencia qui a guidé ma vocation.
Comme il n’y avait pas de lycée à Kendal, mon frère aîné Joseph m’a appelé à Pune pour continuer mes études et m’a guidé à travers le fr. Vidmer S.J. C’est là que ma vocation se manifesta dans la Congrégation de Jésus -Marie avec le Père Nuener, SJ envers qui je suis très reconnaissante.
S. Louisa Adhav RJM
Kendal, Pune, India
42 ans
Dans ma famille mes grands-parents et mes parents étaient très pieux. Ils allaient à la Messe régulièrement et récitaient le rosaire chaque jour. Depuis l’âge de huit ans je désirais devenir religieuse. Quand je voyais les religieuses à l’église ou quand elles visitaient ma famille, je ressentais un grand désir d’être comme elles.
En grandissant, je me senti incapable de vivre une vie comme elles – une vie de sacrifice.
Pendant mes années au collège, plusieurs religieuses de différentes congrégations venaient en visite chez nous. Elles voulaient que je les rejoigne. De ma part, j’ai regardé plusieurs Congrégations mais je ne me sentais pas attiré vers elles. Soeurs Magdalene Sansare, Tara Ohol, Goretti Coutinho et d’autres religieuses de Jésus Marie sont venues en visite. En fait, elles pensaient que ma soeur ainée s’engagerait mais ce n’était pas pour elle.
Je pensais devenir religieuse après mes études mais je n’étais pas certaine quelle Congrégation choisir. Je sentais fortement l’appel de Dieu de Le servir ainsi que Son peuple. C’est pendant une visite de Soeur Magdalene Sansare et Soeur Tara Ohol que j’ai exprimé mon désir de devenir Religieuse de Jésus Marie.
En arrivant à la Maison Provinciale, Boat Club, Pune, j’ai eu le sens fort que c’était là où Dieu m’appelait et c’est la Congrégation qu’Il avait choisi pour moi. C’était un moment très joyeux que je ne pouvais pas décrire en paroles. Maintenant, je suis reconnaissante que Dieu m’ait appelé à être Religieuse de Jésus Marie.